Texte à méditer :  
  1. J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.
  2. J'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière.
   Paul Eluard
GRACQ  
Mise à jour
1 mars 2011

Quatrième

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le diable

Quelques expressions courantes...

  • "avoir le diable au corps"
  • "La beauté du diable"
  • "au diable vauvert"
  • "Tirer le diable par la queue"
  • "Ne craindre ni Dieu ni diable"
  • "Vendre son âme au diable"
  • "se faire l'avocat du diable"
  • "faire le diable à quatre"
  • "s'agiter comme un beau diable"
  • "que le diable l'emporte"
  • "habiter au diable"
  • "envoyer quelqu'un au diable, à tous les diables"
  • "à la diable"
  • "du diable"
  • "de tous les diables"
  • "en diable"
  • "que diable" ou "diable !"
  • "un pauvre diable" / "un bon diable"
  • "signer un pacte avec le diable"
  • "Diantre !"

II - Les différents noms utilisés :

Lucifer-Satan-Belzébuth- Méphistophélès-Le Malin- Le Cornu- Bélial ... Le Trompeur (etc)

 

III - Son aspect à travers les textes

Le diable se manifeste sous des apparences variées. On ne le reconnaît pas toujours du premier coup, mais son costume, son regard, ses mains, ses pieds, son rire le trahissent.

 

  1. Chez Dino Buzzati, dans une nouvelle intitulée "Le veston ensorcelé"

Le diable a pris l'apparence d'un tailleur "que personne ne connaît"; "C'est un grand maître". "Mais il ne travaille que quand ça  lui chante".

"C'était un petit vieillard aux cheveux noirs qui étaient sûrement teints".

Il laisse une impression pénible au narrateur :

Quel homme sympathique ! pensai-je tout d'abord. Et pourtant plus tard, comme je rentrai chez moi, je m'aperçus que le petit vieux m'avait produit un malaise (peut-être à cause de ses sourires trop insistants et trop doucereux).

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2 . Chez Flaubert, dans Rêve d'enfer :

"Il était richement vêtu, ses habits étaient de soie noire, sa main gantée reluisait de diamants ; au moindre de ses gestes on entendait un bruit de sonnettes argentines, comme mêlées à des pièces d'or ; sa figure était laide, ses moustaches étaient rouges, ses joues étaient creuses, mais ses yeux brillaient comme deux charbons, ils étincelaient sous une prunelle épaisse et touffue comme une poignée de cheveux ; son front était pâle, ridé, osseux, et la partie supérieure en était soigneusement cachée par une toque de velours rouge. On eût dit qu'il craignait de montrer sa tête."

"Il entendit ce même bruit de pattes fines et légères sur les carreaux de son fourneau, il se retourna. C'était Satan, mais, cette fois, plus hideux et plus pâle encore ; ses flancs étaient amaigris, et sa gueule béante laissait voir des dents verdâtres comme l'herbe des tombeaux".

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3. Chez T. Gautier, dans Deux Acteurs pour un rôle :

Henrich, qui joue avec succès le rôle du diable dans un théâtre de Vienne, se retrouve un soir, après le spectacle, avec son ami Atmayer dans une taverne.

"Seul, un homme assis à la table voisine ne paraissait pas prendre part à l'enthousiasme général ; la tête renversée en arrière, il tambourinait  distraitement, avec ses doigts, sur le fond de son chapeau, une marche militaire, et, de temps en temps, il poussait une espèce de Humph ! singulièrement dubitatif.

L'aspect de cet homme était des plus bizarres, quoiqu'il fût mis comme un honnête bourgeois de Vienne, jouissant d'une fortune raisonnable ; ses yeux gris se nuançaient de teintes vertes et lançaient des lueurs phosphoriques comme celles des chats. Quand ses lèvres pâles et plates se desserraient, elles laissaient voir deux rangées de dents très blanches, très aiguës et très séparées, de l'aspect le plus cannibale et le plus féroce ; ses ongles longs, luisants et recourbés, prenaient de vagues apparences de griffes ; mais cette physionomie n'apparaissait que par éclairs rapides ; sous l'oeil qui le regardait fixement, sa figure reprenait bien vite l'apparence bourgeoise et débonnaire d'un marchand viennois retiré du commerce, et l'on s'étonnait d'avoir pu soupçonner de scélératesse et de diablerie une face si vulgaire et si triviale".

Théophile GAUTIER, Deux Acteurs pour un rôle, 1841.

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4 - LE FANU, "Le pacte de Dominick" in Le mystérieux locataire et autres histoires d'esprits forts, José Corti.

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LE FANU, Le mystérieux locataire

Le mystérieux locataire de Le Fanu, un certain M Smith, a un aspect étrange, une silhouette "cadavérique, revêtue de noir", "plus maigre qu'une latte", et semble accompagné d'un chat invisible...Il fascine et terrorise ses propriétaires, d'autant plus que des décès inexpliqués surviennent...

Il me reçut dans la même tenue où je l'avais laissé la veille - les mêmes lunettes vertes, la même protection devant la bouche, mais ce n'était plus, aujourd'hui, qu'un mouchoir de soie noire, trés froissé, remontant jusqu'au milieu du nez et sans doute employé pour dissimuler les traits du personnage plus que pour le protéger de quelque maladie. De toute évidence, je n'allais pas découvrir plus de son visage que lors de notre première entrevue, et on eût juré qu'il ne désirait pas m'en montrer davantage, comme s'il voulait dissimuler une terrible cicatrice ou une hideuse plaie. Lorsque je fus entré, il ferma la porte, hocha légèrement la tête et alla s'asseoir. Je m'attendais à ce qu'il ouvrît la conversation, mais il demeura silencieux pendant si longtemps que je fus contraint de lui adresser la parole.

Faute de mieux, je lui demandai si l'étrange chat, que je ne connaissais pas, ne l'avait pas dérangé la nuit dernière.

"Quel chat ?, demanda-t-il d'une voix sèche. Que diable voulez-vous dire ?

- Je... je suis certain d'avoir vu un chat entrer dans votre chambre, la nuit dernière, répondis-je.

- Et quand bien même ?, rétorqua-t-il non sans brusquerie. Je suis persuadé que vous avez rêvé mais, au cas où un chat aurait pénétré dans ma chambre, suis-je homme à m'en effrayer ?"

A ce moment précis, un miaulement s'éleva, sourd mais menaçant, dans le cabinet qui s'ouvrait sur la pièce où nous nous entretenions.

"Quand on parle du diable, Monsieur, ..." murmurai-je en désignant du doigt le petit cabinet.

Sans changer d'expression, mon locataire parut, du moins je le crus, plus impressionnant et plus sinistre. Pendant quelques secondes, je ressentis un étrange sentiment de malaise, comme si j'avais reçu un mauvais présage.

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5 - Chez LEWIS : une apparence contradictoire dans son roman intitulé Le Moine :

a) premier extrait  où il apparaît dans un souterrain, invoqué par une femme :

"Il vient ! clama auprès de lui Mathilde toute à la joie de sa réussite. Il vient !"

Ambrosio tressaillit et se prépara à regarder en face le spectre, mais quelles ne furent pas sa stupéfaction et sa joie quand, le tonnerre s'appaisant, l'air se remplit soudain d'une surprenante harmonie ; le froid avait également cessé et à la place du nuage de tout à l'heure Ambrosio vit un être plus beau que n'en créa jamais le pinceau même de l'imagination. Il semblait nu, autant qu'un ange peut l'être, et un aveuglant rayon de lumière jaillissait à flots de son front ; de ses épaules tombaient deux immenses ailes rouges comme un sang frais. Une insuportable lueur faite de feux de plusieurs couleurs se jouait de ses pieds jusqu'à sa tête et il tenait dans sa main une branche de myrte d'argent.

Enchanté d'une vision si contraire à son attente, Ambrosio contempla l'esprit avec ravissement ; mais toute son admiration ne l'empêcha pas de discerner dans les yeux du démon l'expression de méchanceté puissante qui ne cessait pas de les embraser, et il fut frappé du  sentiment de désolation et de remords que l'apparition impure du spectre venait de susciter en lui.

b) Deuxième extrait où il apparaît dans la cellule du moine :

Un formidable coup de tonnerre ébranla l'air. La prison fut secouée jusque dans ses assises ; les éclairs illuminèrent la cellule, et dans le moment suivant, apporté par le tourbillon d'une tornade sulfureuse, Lucifer se montra à lui pour la seconde fois. Mais il ne vint pas de la même façon que lorsque Mathilde l'appela, et qu'il avait emprunté la forme d'un séraphin* pour tromper Ambrosio. Il apparut dans toute la laideur qui, depuis sa chute du ciel, lui est échue en partage.  Ses membres ravinés par la foudre de l'Eternel en portaient encore la trace. Sa forme démesurée flottait dans une ombre opaque ; ses mains et ses pieds étaient armés d'énormes griffes. La colère jaillissait de ses yeux et aurait frappé de terreur le coeur le plus endurci. Sur ses épaules monumentales flottaient deux immenses ailes noires et, à la place de cheveux, il portait des serpents vivants qui se tordaient sur son front avec d'horribles sifflements. D'une main, il tenait un rouleau de parchemin, de l'autre une plume de fer ; les éclairs ne cessaient pas de zébrer l'air autour de lui et les coups de tonnerre se précipitaient avec une telle hâte qu'il semblait que la nature entière dût se dissoudre sous leurs coups.

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6 - Chez DUMAS, dans son roman intitulé Le Meneur de loups :

  • Alexandre DUMAS, Le Meneur de loups, Corps 9 Editions, 1986.

Thibault, un humble sabotier, caresse depuis fort longtemps un rêve : sortir de sa condition et jouir des mêmes privilèges que les grands seigneurs.

Un soir, alors qu'il est plus amer encore que de coutume, le diable, sous l'aspect d'un loup noir, lui propose un pacte... qu'il va accepter, à la plus grande joie des lecteurs...

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IV - L'enfer

- a) L'enfer et ses personnages

Chez Dante, il est composé de neuf cercles, chacun surveillés respectivement par :

-  Caron, le nocher, "un vieillard blanc par son antique poil",  - Minos

- Cerbère, "bête cruelle et singulière, de ses trois gueules caninement aboie contre la gent qui est là submergé. Yeux vermeils, poil épais et noir, et ventre large et mains d'ongles armées..."

 Pluton,

- b) L'enfer et ses éléments :

- Le Styx : "un marécage fait, qui se nomme Styx, ce ruisseau triste, quand il est descendu au pied de ces malignes plages grises".

- "Le rivage lugubre d'Achéron", "l'onde noirâtre"

- Une ville : Dité, "la ville inconsolée".

 

V - Le diable et la femme

Dans de nombreux récits fantastiques, la femme est considérée comme complice du démon ; son étrange pouvoir de séduction semble d'origine diabolique : ainsi apparaît-elle dans un roman de Jacques Cazotte, Le Diable amoureux (1772) et dans un conte de Théophile Gautier, La Morte amoureuse (1836).

  1. extrait de La Morte amoureuse de Gautier :

"Quels yeux ! avec un éclair ils décidaient de la destinée d'un homme ; ils avaient une, une limpidité, une ardeur, une humidité brillante que je n'ai jamais vues à un oeil humain ; ils s'en échappait des rayons pareils à des flèches et que je voyais distinctement aboutir à mon coeur. Je ne sais si la flamme qui les illuminait venait du ciel ou de l'enfer, mais à coup sûr elle venait de l'un ou de l'autre. Cette femme était un ange ou un démon, et peut-être les deux ; elle ne sortait certainement pas du flanc d'Eve, la mère commune".

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Virginie GREINIER, Résurrection

Noir. Tout était noir. Etouffant. Epais. Opaque. Elle bougea. A peine quelques centimètres. Son corps se bloqua contre une surface qu'elle ne reconnut pas. Elle tâta du bout des doigts l'infini vertige de l'obscurité. L'espace s'arrêta à portée de main. La peur la submergea. Elle se mit à hurler, hurler, hurler encore.

 "Je vous en supplie. A l'aide ! Ouvrez ! Ouvrez ! Je ne suis pas... Je ne suis pas... A l'aide. Par pitié !"

Ses mains grattèrent avec fureur la matière qui l'emprisonnait. Des débris non identifiés tombèrent sur son visage. Dans les ténèbres confinés, elle crut distinguer un espoir. Un rai de lumière. Faible. Très faible. Elle gratta. Gratta encore. Elle suffoquait. La peau de ses mains se lacéra sous la violence de la survie. Un geste instinctif de bête  prête à se sectionner la patte pour sortir du piège. C'était merveilleux, l'instinct. Il anesthésiait la douleur, insensibilisait les outils d'un corps qui se devait de sacrifier l'un de ses membres à sa conservation.  Ses ongles tombaient en morceaux, blessant ses yeux écarquillés d'appeler la lumière. Elle ne sentait rien. Pas même une légère brûlure. Son geste s'amplifia, rageur, effréné. Gratter. Gratter. Gratter pour s'extraire de là. D'ici. Au plus  vite. Avant que...

"Mon coeur ! Oh, Dieu ! Mon coeur ! Je ne le sens déjà plus !"

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VI - Le pacte avec le diable : C'est un thème romantique.

Il aborde les humains pour jouer le tentateur. Moyennant un pacte qu'il conclut avec eux, il leur accorde, en échange de leur âme, jeunesse éternelle, savoir infini, talents exceptionnels... jusqu'au jour où il vient réclamer son dû...

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VII - Bibliographie : les "grands classiques" :

  • CAZOTTE, Le diable amoureux
  • 1808 : GOETHE, Faust
  • 1830 : Honoré de BALZAC, L'Elixir de longue vie
  • 1831: Honoré de BALZAC, La Peau de Chagrin
  • 1835 : Honoré de BALZAC, Melmoth réconcilié
  • Charles Robert MATURIN, Melmoth, l'homme errant (roman gothique)
  • 1838 : Adelbert Von CHAMISSO, L'étrange histoire de Peter Schlemihl
  • Robert Louis STEVENSON, Le Diable dans la bouteille
  • 1891 ; Oscar WILDE, Le Portrait de Dorian Gray
  • 1943 : Maurice TOURNEUR, La Main du Diable
  • 1947 : John STEINBECK, La Perle
  • 1967 : Dino BUZZATI, Le veston ensorcelé (lecture facile)

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Date de création : 08/02/2007 @ 15:42
Dernière modification : 08/03/2009 @ 16:44
Catégorie : fantastique
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