Pendant le Moyen Âge, rares sont ceux qui savent lire et écrire. Mais ils sont nombreux à connaître et apprécier les histoires anciennes et la poésie grâce aux troubadours et aux ménestrels, qui les racontent de vive voix. Très tôt, les troubadours revendiquent un savoir-faire, une exigence poétique, une recherche des mots et de la musique qui les mettent au-dessus des jongleurs. On trouve ainsi, dès le Moyen-Âge, la distinction entre le créateur : le troubadour, et l'interprète : le jongleur.

• Etymologie : Le mot "troubadour" vient sans doute du verbe occitan trobar, "trouver". Le poète doit donc trouver, c'est-à-dire composer, un poème chanté. Celui-ci doit être original, les mots seront recherchés, la versification savante. Une attention particulière est portée à la rime.
• Les poèmes : Il y a plusieurs sortes de poèmes, depuis une poésie simple et accessible à tous jusqu'à une poésie très complexe au sens caché. On a pu dénombrer jusqu'à plus de soixante-dix catégories de poèmes, portant chacune un nom différent.
• Hommes de lettres : Même si la plupart sont des nobles, les troubadours sont issus de milieux variés. Ils composent des chansons et écrivent également des poèmes pour séduire la cour et surtout les dames. Les ménestrels, en revanche, sont issus du peuple. Chanter, déclamer des vers ou faire des acrobaties constitue l'essentiel de leur métier. Ils voyagent dans tout le pays pour diffuser leur art, qui est également leur gagne-pain. Grâce à eux, chansons et légendes sont connus dans le royaume.
• De grands seigneurs n'ont pas craint d'ajouter une fleur de poésie à leur riche blason. On compte parmi les troubadours cinq rois, dix comtes, cinq marquis, cinq vicomtes...mais la qualité de leur oeuvre laisse à désirer. Parmi les exceptions, Guillaume de Poitiers, neuvième duc d'Aquitaine et premier troubadour connu. Il entretenait une troupe de jongleurs chargés de faire connaître ses oeuvres dans toutes les cours du midi de la France.
• Comme Aliénor d'Aquitaine, les grandes dames de l'aristocratie méridionale sont à la fois inspiratrices et protectrices des troubadours ; mais certaines - on compte dix sept femmes troubadours - comme la comtesse de Die s'adonnent également à la création poétique.
• L'art de conter : Les troubadours apparaissent d'abord dans le sud de la France, en Occitanie. Ils interprètent leurs oeuvres en langue d'oc en s'accompagnant d'une harpe, d'une lyre ou d'une vielle à roue, l'ancêtre du violon. Les ménestrels se révèlent tout aussi talentueux et prisés. Les seigneurs les invitent pour égayer les banquets et distraire leurs convives.Si la majorité des troubadours et des ménestrels sont des hommes, certaines femmes, comme Christine de Pisan, se sont illustrées dans la poésie.
• La courtoisie : Le troubadour, homme courtois, se met au service de sa Dame. Il la place au-dessus de tout, lui appartient de coeur et la respecte dans la mesure où il espère toujours la conquérir. Lui-même est souvent d'origine noble, il se démarque du peuple par une langue élaborée, des mots choisis avec goût, un style parfois complexe. Il connaît les bonnes manières, sait se maîtriser, vit dans l'entourage des nobles, qui dépensent sans compter.
• Les thèmes : amour et joie. Ce sont les thèmes majeurs de l'oeuvre des troubadours. Le mot joie, inventé par eux, exprime la joie de vivre, et aussi la jouissance. Joie d'amour qui éveille la nature et les sens. La "fin'amor" c'est d'abord l'amour de la Dame, l'amour-passion.
• Les principaux troubadours :

Guillaume de Poitiers (1071-1127)

Marcabru vers 1129-1150

Jaufré Rudel oeuvre vers 1130-1150

Bertrand de Born 1140-1205

Raimbaut d'Orange 1147-1173

Arnaut Daniel vers 1150-après 1200

Bernard de Ventadour vers 1130-1215

Peire Vidal 1175-vers 1210

Gaucelm Faidit 1180-1215

Guiraut de Bornelh 1175-1220

Raimbaut de Vaqueiras fin XII-début XIII

Gui d'Ussel mort vers 1225

Folquet de Marseille vers 1155-1231

Uc de Saint-Circ vers 1190-vers1255

Peire Cardenal vers 1180-vers 1280

Sordel 12000 (Italie)-1269

Guiraut Riquier vers 1230 (Catalogne)-1294

• Un petit monde fermé et fragile : Nous connaissons les noms de 460 troubadours, entre 1100 et 1350 environ. Pendant plus de deux siècles, ils sillonnèrent de cour en cour toute l'Europe du sud, tout en ayant des contacts avec leurs confrères du nord, les trouvères. Tous ces artistes étaient unis par une pratique et des thèmes poétiques communs. Ils se rencontraient, participaient à des joutes poétiques, sortes de concours de poésie. Ils étaient à  la fois créateurs, interprètes de leurs propres poèmes et de ceux des autres troubadours. Ils s'appréciaient...ou se détestaient.

Date de création : 25/11/2006 @ 16:39
Dernière modification : 08/03/2009 @ 15:56
Catégorie : Moyen Âge
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