Texte à méditer :  On ne voit bien qu'avec le coeur.
L'essentiel est invisible pour les yeux.
Le Petit Prince
   Antoine de Saint-Exupéry
GRACQ  
Mise à jour
1 mars 2011

Quatrième

+ La Science-Fiction
+ La composition du récit
+ La fantasy
+ Lecture
+ Les grands écrivains
+ Poésie
+ fantastique


Site à visiter

Visites

   visiteurs

   visiteur en ligne


Webmaster - Infos
Ecrire à gracq  Webmaster
Ajouter aux favoris  Favoris
Recommander ce site à un ami  Recommander
Version mobile   Version mobile

tentative de définition

LE FANTASTIQUE

 

Ethymologie : du verbe grec phantasein : faire voir en apparence, donner l'illusion, se montrer, apparaître.

Le fantastique manifeste l'importance des sentiments et le goût pour l'étrange et l'irrationnel. Dans l'univers fantastique, la réalité sert de cadre au récit mais elle est perturbée par des phénomènes que la science ne peut expliquer. Le malaise du narrateur et des personnages est provoqué par le doute.

 

Un peu d'histoire littéraire...

Né à la fin du XVIIIème siècle, en réaction au "Siècle des Lumières", ce genre littéraire a connu un véritable épanouissement au XIXème siècle. C'est l'époque de la traduction des oeuvres de l'allemand Ernst Hoffmann (Le Vase d'or, Fantaisies à la manière de Callot, Les Elixirs du diable, Le Chat Mûrr, etc...) et de celle d'Edgar Allan Poe (Les Histoires Extraordinaires).

De nos jours, ce genre connaît également un succès sans précédent avec ce qu'on appelle désormais "l'héroïc fantasy", mélange du monde fantastique et du monde merveilleux.

 

 

I - Décors et atmosphère...

  1. Les lieux sont parfois ordinaires et quotidiens, mais souvent inquiétants : montagnes escarpées, châteaux isolés sur une hauteur, architecture gothique, cryptes, cimetières, tombeaux, landes, bois, précipices, routes dangereuses.
  2. La lumière : Les éléments décrits prennent alors un aspect insolite : assombrissement, effet d'éclairage particulier, brume, objet ou personnage paraissant éclairé de l'intérieur, proportions déformées de façon irréelle.

 

II -  définition :

 

Le récit fantastique est celui de l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel ( Todorov ). Malgré les difficultés à cerner un genre aux multiples variations, on peut relever ces caractéristiques communes à tous les récits fantastiques :

  1. Dans un monde bien réel, souvent banal, un personnage se trouve, pour une raison ou l'autre, isolé.
  2. Le personnage est un homme ordinaire, d'une sensibilité extrême.
  3. Un phénomène surnaturel surgit qui le plonge dans le doute et l'angoisse.
  4. Le personnage hésite, dans sa réponse, entre sa folie, un rêve, ou le déréglement du monde.

 

 

III - Construction du récit fantastique :

 

- L'introduction

Dans l'introduction, le narrateur explique en général pourquoi et comment il est amené à raconter l'aventure qui lui est arrivée, à lui ou à l'un de ses proches, ou dont il a été le témoin. Celui-ci est toujours digne de foi (magistrat, historien, scientifique...). Au début, le héros n'a aucun soupçon de ce qui va lui arriver. L'histoire commence par quelques pages réalistes, situées dans la banalité quotidienne, mais où se glissent déjà, très discrètement, quelques événements étranges.

 

- L'avertissement

L'avertissement est le début de l'action fantastique. Le héros se met en action et quelqu'un ou quelque chose l'avertit qu'il ne doit pas continuer ce qu'il projette d'entreprendre.

 

- La transgression

Le héros ne tient pas compte de l'avertissement et accomplit ce qu'il désirait faire, ou succombe à la tentation. Il peut être intrigué par l'avertissement, mais le plus souvent, il s'en moque. Ces séquences, comme dans les contes, peuvent être répétées.

 

- L'aventure

N'ayant pas tenu compte de l'avertissement, le héros va se trouver entraîné involontairement dans une aventure étrange. Tout à coup, un phénomène fantastique et inexplicable se produit. Et à partir de ce moment, des événements de plus en plus inquiétants se succèdent, ou bien le même événement se répète, parfois de plus en plus intensément, sans que le héros puisse jamais expliquer ce qui lui arrive.

 

- Le châtiment

Le héros vit désormais dans l'obsession du phénomène. Face au danger, la fuite est toujours vaine. Le héros d'un récit fantastique est toujours une victime. Le châtiment peut prendre la forme de la malédiction, de la mort, de la folie.

 

- La conclusion

La conclusion marque la fin de l'événement fantastique. Tout le récit doit se terminer par un point d'interrogation. Le lecteur doit être incapable de choisir entre une interprétation naturelle du phénomène ou une interprétation surnaturelle. Les deux interprétations, comme dans La Vénus d'Ille ou Une Veillée, doivent s'étayer sur des indices ambigus. L'impossibilité de trancher définitivement fait naître le trouble, le malaise, voire l'angoisse chez le lecteur. Les monstres sont toujours parmi nous...

 

IV Les personnages :

 

  1. Le magicien ou le sorcier : le magicien agit sur la nature avec des formules magiques ou des enchantements qui ont un pouvoir fatal sur les humains. La magie ou les prédictions astrologiques sont les thèmes du Miroir d'encre, de J.-L Borges et de La Main enchantée de Gérard de Nerval.
  2. Le fantôme : c'est un mort qui revient parmi les vivants pour les tourmenter ou annoncer une mauvaise nouvelle. Exemple : La Dame de pique, d'Alexandre Pouchkine, et Le Signaleur de Charles Dickens.La femme-fantôme, issue de l'au-delà, est toujours séductrice et mortelle. Ex : Véra, de Villiers de L'Isle-Adams, La Chute de la maison Usher, d'Edgar Poe. Le fantôme de l'opéra, de Gaston Leroux.
  3. Le mort-vivant ou zombie, le squelette :

"Seigneur, murmura-t-il, protège-moi".

Avec un craquement humide, les planches du cercueil cédèrent, pourries par le temps, il n'eut pas le temps de sauter et s'effondra dans la sépulture. Alors, avec une lenteur inexorable, il vit le squelette se soulever. La lune joua dans les orbites creuses et les mâchoires d'os s'écartèrent dans un rire effroyable. Son hurlement vrilla la nuit soudain sanguinolente.

Patrick CAUVIN, 

 Albin Michel, 1985.

 

4 - L'ombre

L'ombre était vague, sans forme, indéfinie, ce n'était l'ombre ni d'un homme, ni d'un dieu [...]. Et l'ombre reposait sur la grande porte de bronze et sous la corniche cintrée, et elle ne bougeait pas, et elle ne prononçait pas une parole, mais elle se fixait de plus en plus, et elle resta immobile. [...] A la longue, moi, Oinos, je me hasardai à prononcer quelques mot à voix basse, et je demandai à l'ombre sa demeure et son nom. Et l'ombre répondit :

- Je suis OMBRE, et ma demeure est tout près de ces sombres plaines infernales [...] !

Et alors, tous les sept, nous nous dressâmes d'horreur sur nos sièges, et nous nous tenions tremblants, frissonnants, effarés ; car le timbre de la voix de l'ombre n'était pas le timbre d'un seul individu, mais d'une multitude d'êtres ; et cette voix, variant ses inflexions de syllabe en syllabe, tombait confusément dans nos oreilles en imitant les accents connus et familiers de mille et mille amis disparus !

Edgar Allan Poe, Ombre, Traduction Charles Baudelaire, 1856.

 

5 - Le double

 Le thème du double permet bien des variations : le portrait, l'ombre, le miroir y sont associés. Ex. L'Etrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, de R. L. Stevenson, de Lui ? de Maupassant, du Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde.

 

6 - La "chose"

La "chose" est terrifiante, car elle est indéfinissable et invisible. Elle est présente, elle pèse, elle tue ou elle nuit : dans Le Horla de Maupassant, ce thème est associé à ceux du double et du vampire.

 

7 - Le vampire

Les vampires sont des morts qui s'assurent une perpétuelle jeunesse en suçant le sang des vivants. Ex : La Morte amoureuse, de Théophile Gautier, La Fiancée de Corinthe, de Goethe, Le Gardien du cimetière, de Jean Ray, La Maison maudite, de H. P. Lovecraft, et surtout Dracula  et  L'invité de Dracula de Bram Stoker.

 

"Contre la vitre, un visage d'enfer. De terribles yeux vitreux, des yeux de cadavres, des cheveux d'un blanc de neige, hérissés comme des lances et une bouche immense ricanant sur des dents noires, une bouche rouge comme du feu ou comme du beau sang qui coule."

Bram Stoker, L'Invité de Dracula.

 

8 - La statue animée

La statue, le mannequin, l'armure, l'automate, la poupée, s'animent soudain et acquièrent une redoutable indépendance : Ex La Vénus D'Ille, de Mérimée, et La Poupée sanglante de Gaston Leroux.

 

9- Les parties du corps qui s'animent

  • une main, par exemple (Maupassant) : "Un spectacle horrible s'offrit à leurs yeux, les meubles étaient renversés, tout annonçait qu'une lutte terrible avait eu lieu entre la victime et le malfaiteur. Au milieu de la chambre, sur le dos, les membres raides, la face livide et les yeux effroyablement dilatés, le jeune Pierre B. gisait sans mouvement, il portait au cou des empreintes profondes de cinq doigts. Le rapport du docteur Bourdeau appelé immédiatement dit que l'agresseur devait être doué d'une force prodigieuse et avoir une main extraordinairement maigre et nerveuse, car les doigts qui ont laissé dans le cou comme cinq trous de balle s'étaient rejoints à travers les chairs."

Guy de Maupassant, La Main d'écorché, 1875.

 

10 - Le monstre

Dans la littérature fantastique, le monstre est un criminel, un fou qui hante les récits de terreur. Ex : Frankenstein, de Mary Shelley, Lokis, de Mérimée, Les Mains d'Orlac de Maurice Renard, Le Dernier Démon, d'Isaac B. Singer...

 

exemple :

"Levant les yeux de mon livre, mes regards tombèrent sur le flanc nu de la colline et sur quelque chose - une sorte de monstre d'aspect hideux - qui dévalait rapidement les pentes, et disparut enfin dans l'épaisse forêt qui garnissait le bas. Au moment où cette créature m'apparut, je doutai de ma raison, ou du moins du témoignage de mes yeux ; et de longues minutes s'écoulèrent avant que je fusse persuadé que ce n'était là ni folie ni rêve. Pourtant, lorsque j'aurai décrit le monstre (que je vis clairement et examinai calmement tout au long de son parcours) mes lecteurs auront, je crains, plus de mal encore que moi-même à se perduader de cela."

Edgar Allan Poe, Le Sphinx, traduction Charles Baudelaire, 1846.

 

11 - Le diable

Le diable est le tentateur par excellence. Son arme est le désir. Il est associé aux péchés les plus graves, et prend souvent une apparence féminine séduisante. Le pacte avec le diable permet d'obtenir l'amour, la richesse, le pouvoir, le savoir. Ex : La Combe de l' homme mort, de Charles Nodier, L'homme qui a vu le diable, de Gaston Leroux, Les Héritiers du Majorat, d'A. Von Arnim, Le Golem, de G. Meyrink, Faust, de Goethe.

 

12 - La Mort

Personnifiée, elle apparaît au milieu des vivants.Tantôt lors d'une fête, elle désigne ses victimes l'une après l'autre, pour les punir. Tantôt elle attend celui qui la fuit dans la retraite même où il avait couru se réfugier. Ex : Le Masque de la Mort rouge, d'E. A. Poe.

 

13 - L'abberation de l'espace

La chambre, l'appartement, l'étage, la maison, la rue sont effacés de l'espace à l'improviste, et le voyageur ne retrouve plus au matin la chambre où il a dormi la nuit : la paroi est lisse et sonne plein. Ex : La Ruelle ténébreuse, de Jean Ray, La Chambre Perdue, de F. J. O'Brien, La Chambre N° 13, de M. R. James, Les Rêves dans la maison de la sorcière, de H.P. Lovecraft.

 

14 - L'arrêt ou la répétition du temps.

A des minutes ou à des siècles d'intervalle, les mêmes faits se reproduisent dans le même ordre ; une chronologie ancienne relate avec exactitude un événement en train de se produire. Le temps se dédouble, se multiplie ou s'immobilise. Il faut vivre deux fois, dix fois la même horreur chaque matin, jour après jour. Ex : La Chute de la maison Usher, d'E. A. Poe, La Montre du Doyen, de Erckmann-Chatrian, Maître Zacharius de Jules Verne, Vendredi 19, E. S. Holding.

 

 

V - Caractéristiques du genre : le narrateur

 

A. Un récit à la première personne

La nouvelle fantastique peut être écrite à la première ou à la troisième personne du singulier. Le plus souvent, il s'agit d'un narrateur qui s'exprime à la première personne et joue un rôle dans l'histoire. Il est d'autant plus proche du lecteur qu'il lui communique une aventure étrange et le fait participer à ses inquiétudes et à ses doutes.

 

B. Un narrateur-témoin

Le narrateur est bien souvent un personnage important, en tout les cas digne de foi ( un magistrat, un scientifique, quelqu'un de rationnel,  un aventurier qui a vu beaucoup de choses, qui a de l'expérience et qui n'a pas froid aux yeux...). Il est à la fois témoin et acteur des faits surnaturels qu'il relate.Le lecteur est donc tenté de le croire ...

 

C. L'argumentation du narrateur

Le narrateur, confronté à un phénomène étrange, cherche à prouver qu'il ne rêve pas : il se lève, sort, compare les lieux du rêve et de la réalité, s'entretient avec d'autres... Il vérifie aussi qu'il n'a pas été abusé par l'absorption d'une drogue. Dans un second temps, il cherche à se convaincre lui-même qu'il n'est pas fou : il se livre à des vérifications qui prouvent la qualité intacte de son raisonnement et compare sa perception de la réalité avec celle de son entourage.

 

 

VI - Des procédés pour faire peur :

La peur du narrateur et des personnages s'exprime par les procédés suivants :

- Expression des manifestations physiques de la peur : groupes nominaux (frisson, tremblement, pâleur soudaine, accélération des battements du coeur, volonté de fuir mais incapacité de bouger, difficulté à s'exprimer, agitation).

- champ lexical de la peur et gradation : noms communs (appréhension, peur, effroi, terreur, épouvante) ; adjectifs ou participes passés employés comme adjectifs (inquiet, effrayé, bouleversé, éperdu, terrifié...) ;

- Expansions du nom pour amplifier l'effet de peur : ("ces lugubres hurlements qui font tressaillir les voyageurs", "un paroxysme de terreur furieuse".

- comparaisons, analogies évocatrices : "les yeux lumineux comme ceux des fauves", "comme dans l'angoisse d'un rêve"

- expression du doute : il me semblait que, on aurait dit que, peut-être, sans doute, que se passait-il donc ?, pourquoi ? ...

 

 

 

 

 

 

 

titres :

L'école hantée, de R.L. Stine, Bayard poche, coll. Chair de poule (lecture facile)

 

Trilby, La fée aux Miettes, C. Nodier, GF Flammarion n° 548

Fées, naïades et nymphes, anthologie établie et présentée par Dominique Besançon,

Terre de brume, 2000. 224 p.

Le Vampire, C. Nodier, 1830

Dans l'abîme du temps, Lovecraft Howard Philip, Gallimard, 2000, 381 p.( ou Folio SF ; 37 )

L'Homme au sable, d'Offmann

Le diable amoureux, de Jacques Cazotte, 1722

La dame de pique, d'Alexandre Pouchkine

 

 

 

 

 


Date de création : 21/11/2006 @ 19:53
Dernière modification : 29/02/2008 @ 18:34
Catégorie : fantastique
Page lue 2853 fois


Prévisualiser la page Prévisualiser la page     Imprimer la page Imprimer la page


Bibliographie

Cinquième

+ Le roman policier
+ Lecture
+ Les grandes découvertes
+ Moyen Âge
+ Théâtre


Recherche





Calendrier


Méthodologie

   up  Haut  up  

GuppY - http://www.freeguppy.org/
Site fonctionnant sous GuppY v4.0.3 - Licence Libre CeCILL - © 2004-2006