Dans Le Roman de Renart, le monde animal est à l'image du monde féodal : au sommet de la hierarchie se trouve le roi Noble, le lion, qui apparaît toujours au milieu de ses barons, Renart, Ysengrin le loup, Brichemer le cerf, Grimbert, le blaireau, Belin le mouton... Les auteurs, par l'intermédiaire des animaux, font la satire* (critiquent en se moquant) de la société du Moyen Âge : querelles entre les grands féodaux, privilèges dont jouissait la noblesse, hypocrisie d'une partie du clergé (prêtres et moines), défauts du système politique, de l'organisation sociale... Ils laissent entrevoir un monde où règnent la tromperie, l'hypocrisie, la violence, l'injustice. Cependant, la satire reste légère, elle demeure respectueuse de l'ordre établi, visant principalement à amuser un public où tous les milieux sont mêlés.
Le Roman de Renart peut se lire aussi comme une parodie* des romans de chevalerie, c'est-à-dire une imitation bouffonne qui conserve les stuctures du genre pour le tourner en dérision. En effet, Renart, par bien des aspects, s'apparente à un chevalier (il a un château, monte à cheval...), mais quand il part en quête, ce n'est pas en quête d'aventures, mais de nourriture. Contrairement aux chevaliers, il n'est motivé ni par la recherche de la gloire, ni par l'amour, mais par la faim. Il ne respecte aucune des règles du code chevaleresque mais use de ruse et de violence à l'égard de tous.