Texte à méditer :  

Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. Le livre à ma mère.

   Albert Cohen
GRACQ  
Mise à jour
1 mars 2011

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L'école romantique

 

 

LE ROMANTISME

Mouvement littéraire du XIXème siècle qui est né en réaction aux règles classiques.

 

1 - Les thèmes

L'amour, les sentiments personnels exprimés à la première personne, la nature (La Mère Universelle), la fuite du temps, la mort ...voir le mot lyrisme*.

Le mal du siècle.

 

Les Méditations de Lamartine est le premier recueil lyrique : le coeur devient une source d'inspiration : "Frappe-toi le coeur, c'est là qu'est le génie". Les Contemplations de Victor Hugo sont définies comme les "mémoires d'une âme". L'homme doit être peint dans sa vérité intérieure.

 

2 - Le héros romantique :

Isolé dans la société, objet d'une fatalité malheureuse, le héros romantique vit avec frénésie. Il est atteint par "le mal du siècle", défini dans René de Chateaubriand, sorte de mélancolie qui mine le héros, en proie à ses passions et au doute. Sa sensibilité est extrême.

 

3 - Les poètes :

Victor HUGO, le père du romantisme, Alphonse de LAMARTINE, Alfred de MUSSET, Alfred de VIGNY, sont les principaux auteurs de ce mouvement. Le poète est un prophète et un voyant qui guide les peuples.

Aloysius BERTRAND. (poèmes en prose), Gérard de Nerval.

 

4 - Les romanciers :

François-René de Chateaubriand.

 

5 - Les peintres :

  • La liberté guidant le peuple, d'Eugène DELACROIX, 1831. (Huile sur toile, 325X260 cm. Paris, musée du Louvre.)
  • Le radeau de la Méduse, Théodore GERICAULT, 1819. (Huile sur toile, 491X716 cm. Paris, musée du Louvre).
  • L'Abbaye dans une forêt de chênes, Caspar David FRIEDRICH, (Huile sur toile, 25,1X110,4 cm. Berlin, Alte Nationalgalerie.)

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Chanson

 

Si vous n'avez rien à me dire,

Pourquoi venir auprès de moi ?

Pourquoi me faire ce sourire

Qui tournerait la tête au roi ?

Si vous n'avez rien à me dire

Pourquoi venir auprès de moi ?

 

Si vous n'avez rien à m'apprendre,

Pourquoi me pressez-vous la main ?

Sur le rêve angélique et tendre,

auquel vous songez en chemin,

Si vous n'avez rien à m'apprendre

Pourquoi me pressez-vous la main ?

 

Si vous voulez que je m'en aille,

Pourquoi passez-vous par ici ?

Lorsque je vous vois, je tressaille :

C'est ma joie et c'est mon soucis.

Si vous voulez que je m'en aille,

Pourquoi passez-vous par ici ?

 

Victor HUGO, Les Contemplations, (II,4), 1856

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"Rêverie", Victor HUGO

Oh ! Laissez-moi ! C'est l'heure où l'horizon qui fume

Cache un front inégal sous un cercle de brume,

L'heure où l'astre géant rougit et disparaît.

Le grand bois jaunissant dore seule la colline.

On dirait qu'en ces jours où l'automne décline,

Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt.

 

Oh ! Qui fera surgir soudain, qui fera naître,

Là-bas, tandis que seul je rêve à la fenêtre

Et que l'ombre s'amasse au fond  du corridor,

Quelque ville mauresque, éclatante, inouïe,

Qui, comme la fusée en gerbe épanouie,

Déchire ce brouillard avec ses flèches d'or ?

 

Qu'elle vienne inspirer, ranimer, ô génies,

Mes chansons, comme un ciel d'automne rembrunies,

Et jeter dans mes yeux son magique reflet,

Et longtemps, s'éteignant en rumeurs étouffées,

Avec les mille tours de ses palais de fées,

Brumeuse, denteler l'horizon violet !

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Le lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges

Jeter l'ancre un seul jour ?

 

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,

Et, près des flots chéris qu'elle devait revoir,

Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre

Où tu la vis s'asseoir !

 

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes ;

Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés ;

Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.

 

Un soir, t'en souviens t-il ? Nous voguions en silence ;

On entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,

Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre

Du rivage charmé frappèrent les échos ;

Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère

Laissa tomber ces mots :

 

"Ô temps, suspends ton vol ! et vous, heures propices,

Suspendez votre cours !

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

 

Assez de malheureux ici-bas vous implorent :

Coulez, coulez pour eux ;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;

Oubliez les heureux.

 

Mais je demande en vain quelque moment encore,

Le temps m'échappe et fuit ;

Je dis à cette nuit :"Sois plus lente" ; et l'aurore

Va dissiper la nuit.

 

Aimons-donc, aimons donc ! De l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons !

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;

Il coule, et nous passons !"

 

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse

Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

S'envolent loint de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur ?

 

Hé quoi ! N'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?

Quoi ! Passés pour jamais ? Quoi ! Tout entiers perdus ?

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,

Ne nous les rendra plus ?

 

Eternité, néant, passé, sombres abîmes,

Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?

Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes

Que vous nous ravissez ?

 

Ô lac ! Rochers muets ! Grottes ! Forêt obscure !

Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir !

 

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux !

 

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés !

 

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,

Tout dise : "Ils ont aimé !"

 

Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, "Le Lac", 1820.

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Alphonse de LAMARTINE, "L'automne", in Méditations poétiques, 1820.

Salut, bois couronnés d'un reste de verdure !

Feuillages jaunissants sur les gazons épars !

Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature

Convient à la douleur et plaît à mes regards.

 

Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire ;

J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,

Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière

Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois.

 

Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,

A ces regards voilés, je trouve plus d'attraits ;

C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire

Des lèvres que la mort va fermer pour jamais.

 

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,

Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,

Je me retourne encore, et d'un regard d'envie

Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui.

 

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,

Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau !

L'air est si parfumé ! La lumière si pure !

Aux regards d'un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie

Ce calice mêlé de nectar et de fiel :

Au fond de cette coupe où je buvais la vie,

Peut-être restait-il une goutte de miel !

 

Peut-être l'avenir me gardait-il encore

Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu !

Peut-être, dans la foule, une âme que j'ignore

Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu !

 

La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyre ;

A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux :

Moi, je meurs ; et mon âme, au moment qu'elle expire,

s'exhale comme un son triste et mélodieux.

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I

... Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées

Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.

Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,

Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;

Alors, il a saisi, dans sa gueule brûlante,

Du chien le plus hardi la gorge pantelante

Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,

Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair

Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,

Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,

Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,

Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.

Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.

Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,

Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;

Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.

- Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,

Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,

Et, sans daigner savoir comment il a péri,

Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

 

 

II

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,

Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre

A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,

Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,

Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve

Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;

Mais son devoir était de les sauver, afin

De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,

A ne jamais entrer dans le pacte des villes

Que l'homme a fait avec les animaux serviles

Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,

Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

 

III

 

Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,

Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !

Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,

C'est vous qui le savez, sublimes animaux !

A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,

Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.

- Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,

Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur !

Il disait : "Si tu peux, fais que ton âme arrive,

A force de rester studieuse et pensive,

Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté,

Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.

Gémir, pleurer, prier est également lâche.

Fais énergiquement ta longue et lourde tâche

Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,

Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler."

Alfred de Vigny, "La mort du loup".

 

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Gérard de NERVAL, "Fantaisie", Odelettes, 1832.

Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a  des charmes secrets !

 

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,

De deux cents ans mon âme rajeunit...

C'est sous Louis treize ; et je crois voir s'étendre

Un coteau vert, que le couchant jaunit.

 

 

Puis un château de brique à coins de pierre,

Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière

Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

 

 

Puis une dame, à sa haute fenêtre,

Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,

Que, dans une autre existence peut-être,

J'ai déjà vue... et dont je me souviens !

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Date de création : 24/01/2008 @ 17:13
Dernière modification : 13/04/2009 @ 10:33
Catégorie : Poésie
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